Les adieux de Fontainebleau
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Les adieux de Fontainebleau
...Le mercredi 20 avril 1814, l'heure du départ a sonné.
Le temps est couvert et brumeux. Il fait froid: 7 ° à huit heures. Dès que " le roi de l'Ile d'Elbe" apparaît, en haut de l'escalier en fer à cheval, le général Drouot annonce d'une voix qui s'entend jusqu'au fond de la cour:
- L'Empereur !
Ce qui reste de la Garde- le premier régiment de grenadiers à pied et les marins de la Jeune garde- se trouve aligné sur deux files. Au loin, derriere les grilles, toute la population de la ville s'est massée.
Il y a d'abord un lourd silence, puis les tambours se mettent à battre. D'un geste, Napoléon les interrompt. Suivi des commissaires étrangers et de ses derniers fidèles, il descend les degrés. Parvenu au pied de l' escalier, il s'arrête. D'une voix claire, il lance ces paroles immortelles:
- Officiers, sous-officiers et soldats de ma Vieille Garde, je vous fais mes adieux.
Depuis vingt ans, je vous ai constamment trouvés sur les chemins de l'honneur et de la gloire...
Avec des hommes tels que vous, notre cause n'était pas perdue. Mais la guerre était interminable; c'eut été la guerre civile et la France en fût devenue plus malheureuse. J'ai donc sacrifié nos intérêts à ceux de la Patrie.
Sa voix s'étrangle. Après un long silence, il poursuit:
- Je pars! Vous, mes amis, continuez à servir la France... Ne plaignez pas mon sort. Si j'ai consenti à me survivre, c'est pour survivre encore à votre gloire... Adieu mes enfants! Je voudrais vous presser tous sur mon coeur. Que j'embrasse au moins votre général , votre drapeau !
Les larmes aux yeux, le général Petit s'avance. L'Empereur ouvre ses bras.
Une émotion indicible plane. Les généraux ennemis sentent leur gorge se serrer.
-Qu'on m'apporte l'Aigle !
La garde d'honneur entourant le drapeau du 1er régiment de grenadiers s'avance. Des noms prestigieux y sont brodés: Marengo, Austerlitz, Iéna, Eylau, Friedland, Wagram, Vienne, Berlin, Madrid, Moskowa, Moscou.
Napoléon fait un pas au devant du drapeau et l'embrasse.
- Cher Aigle, que ce dernier baiser retentisse dans le coeur de tous mes soldats.
On entend des sanglots dans les rangs des vieilles moustaches.
L'Empereur fait un dernier effort et reprend d'une voix ferme:
- Adieu, encore une fois mes vieux compagnons, que ce dernier baiser passe dans vos coeurs.
Dans les rangs court un fremissement...
Rapidement l'Empereur se dirige vers sa voiture où Bertrand l'attend. Le général Petit suit en pleurant. La portière claque. Le cocher enleve ses six chevaux et la berline passe devant la Garde, franchit la grille, puis arrivée sur la place prend, à gauche, la route de la forêt. L'Empereur roule vers l'éxil...
Dès que la voiture eut disparu, a raconté le capitaine Parquin, " d'un mouvement spontané et unanime, les Grognards brûlèrent les Aigles, et quelques-uns, pour ne pas s'en séparer, en avalèrent les cendres."
Sources: " Le commencement de la fin" de A. Castelot chez Presse pocket
Le temps est couvert et brumeux. Il fait froid: 7 ° à huit heures. Dès que " le roi de l'Ile d'Elbe" apparaît, en haut de l'escalier en fer à cheval, le général Drouot annonce d'une voix qui s'entend jusqu'au fond de la cour:
- L'Empereur !
Ce qui reste de la Garde- le premier régiment de grenadiers à pied et les marins de la Jeune garde- se trouve aligné sur deux files. Au loin, derriere les grilles, toute la population de la ville s'est massée.
Il y a d'abord un lourd silence, puis les tambours se mettent à battre. D'un geste, Napoléon les interrompt. Suivi des commissaires étrangers et de ses derniers fidèles, il descend les degrés. Parvenu au pied de l' escalier, il s'arrête. D'une voix claire, il lance ces paroles immortelles:
- Officiers, sous-officiers et soldats de ma Vieille Garde, je vous fais mes adieux.
Depuis vingt ans, je vous ai constamment trouvés sur les chemins de l'honneur et de la gloire...
Avec des hommes tels que vous, notre cause n'était pas perdue. Mais la guerre était interminable; c'eut été la guerre civile et la France en fût devenue plus malheureuse. J'ai donc sacrifié nos intérêts à ceux de la Patrie.
Sa voix s'étrangle. Après un long silence, il poursuit:
- Je pars! Vous, mes amis, continuez à servir la France... Ne plaignez pas mon sort. Si j'ai consenti à me survivre, c'est pour survivre encore à votre gloire... Adieu mes enfants! Je voudrais vous presser tous sur mon coeur. Que j'embrasse au moins votre général , votre drapeau !
Les larmes aux yeux, le général Petit s'avance. L'Empereur ouvre ses bras.
Une émotion indicible plane. Les généraux ennemis sentent leur gorge se serrer.
-Qu'on m'apporte l'Aigle !
La garde d'honneur entourant le drapeau du 1er régiment de grenadiers s'avance. Des noms prestigieux y sont brodés: Marengo, Austerlitz, Iéna, Eylau, Friedland, Wagram, Vienne, Berlin, Madrid, Moskowa, Moscou.
Napoléon fait un pas au devant du drapeau et l'embrasse.
- Cher Aigle, que ce dernier baiser retentisse dans le coeur de tous mes soldats.
On entend des sanglots dans les rangs des vieilles moustaches.
L'Empereur fait un dernier effort et reprend d'une voix ferme:
- Adieu, encore une fois mes vieux compagnons, que ce dernier baiser passe dans vos coeurs.
Dans les rangs court un fremissement...
Rapidement l'Empereur se dirige vers sa voiture où Bertrand l'attend. Le général Petit suit en pleurant. La portière claque. Le cocher enleve ses six chevaux et la berline passe devant la Garde, franchit la grille, puis arrivée sur la place prend, à gauche, la route de la forêt. L'Empereur roule vers l'éxil...
Dès que la voiture eut disparu, a raconté le capitaine Parquin, " d'un mouvement spontané et unanime, les Grognards brûlèrent les Aigles, et quelques-uns, pour ne pas s'en séparer, en avalèrent les cendres."
Sources: " Le commencement de la fin" de A. Castelot chez Presse pocket
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"...Puis, à pas lents, musique en tête, sans fureur, souriant à la mitraille anglaise, la Garde Impériale entra dans la fournaise ..." ( V. HUGO)
"... Un homme n'est jamais aussi grand, que lorsqu'il s'agenouille, pour aider un enfant ..."
"... Il dort, quoique la vie, pour lui, fut bien étrange, il vivait. Il mourut lorsqu'il n'eut plus son ange. La chose se fit doucement, pas à pas, comme vient la nuit lorsque le jour s'en va ..." (V.HUGO. Les Misérables)
La Poudre- Grenadier
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