Escrime à la baïonnette
3 participants
Page 1 sur 1
Escrime à la baïonnette
Merci à la Fédération française des arts martiaux historiques européens (FFAMHE), qui vient de financer la numérisation du Manuel d'escrime à la baïonnette du capitaine Jean Jules Gaston.
Nous parlions de faire vivre les bivouacs, notamment par des cours d'escrime- utiles seulement en duel. Voici l'occasion de pratiquer un art indispensable à la survie au combat.
Un premier manuel, reprenant les pratiques de la première moitié du XIXème siècle a été publié en 1847 par A.J.J Posselier, dit "Gomard"" : L'escrime à la baïonnette ou l'école du fantassin.
Voici la présentation de l'ouvrage du capitaine Gaston :
Aperçu du Manuel d’escrime à la baïonnette du capitaine Jean Jules Gaston
Le capitaine Jean Jules Gaston du 10ème régiment de chasseur à pied partage en 1910 par une publication chez Berger Levrault (éditeur de nombreuses publications militaires) ses considérations sur l’escrime à la baïonnette. Cet ouvrage, assez long en comparaison aux manuels de la même époque sur ce sujet, reste le parfait avatar du manuel d’escrime à la baïonnette du début du XXème siècle, il présente néanmoins quelques particularités que nous allons tenter de résumer très brièvement ici.
La longueur du texte est due en grande partie à l’introduction conséquente de la méthode personnelle de cet officier expérimenté, issu du rang, sous les ordres depuis 1887. Surfant sur la vague des « conséquences de la Guerre Russo Japonaise », il explique, tout comme ces camarades les capitaines Laur et Nidvine (Escrime de combat à la baïonnette, Capitaine breveté Laur ; 1912 ; Henry Charles Lavauzelles ; Paris, La Baïonnette , S. Nidvine ; 1907 ; R . Chapelot & Cie ; Paris), la nécessité de ne pas abandonner l’enseignement de l’escrime à la baïonnette, et d’améliorer la méthode en vigueur, jugée insuffisante (tout trois sont d’ailleurs en accord sur ce point).
Tel les maîtres ès baïonnette de la première moitié du XIXème, Gaston ajoute à ses critiques un historique assez conséquent, (par ailleurs tout empli de ces préjugés contemporains sur le moyen-âge, tellement Belle Époque !) et évoque, tel son prédécesseur A.J.J. « Gomard » Posselier, L’escrime à la baïonnette ou l’école du fantassin, A.J.J.Posselier, dit « Gomard » ; 1847 ; chez Dumaine ; Paris, l’état de l’enseignement de cette escrime dans d’autre pays (l’Allemagne et le Japon), il ne parle cependant pas de ces prédécesseurs français et de leurs méthodes, comme le font souvent ses pairs. Le discours de Gaston intègre de plus une chose assez inhabituelle : la nécessité de former la cavalerie au combat à la baïonnette. En effet, à notre connaissance (c’est à dire en excluant les manuels, de plus en plus rare, actuellement indisponible), il n’existe aucune autre méthode dont l’enseignement serait destiné également aux troupes montées, et encore moins décrivant le matériel utilisé par ses cavaliers ! Le capitaine Gaston explique ainsi son choix par l’évolution de l’art de la Guerre, où la cavalerie moderne se doit dorénavant d’être aussi efficace à pied que montée, et par conséquent doit être formée aux arts des fantassins…
Nonobstant tout ses détails théoriques, le capitaine du 10ème chasseur développe avec insistance le matériel à utiliser pour l’instruction. Considérant ce point comme primordial, discours sur les qualités de la baïonnette actuellement utilisée par les armées et décrit le simulateur « idéal », c’est à dire correspondant aux besoins de l’escrime & aux impératifs budgétaires, allant jusqu’à rédiger un « tutoriel » pour réaliser ce simulateur !
Sa méthode en elle même est une reprise du règlement de 1904, le fameux Décret du 3 décembre 1904 portant règlement sur les manœuvres de l’infanterie, Ministère de la Guerre ; 1904 ; Berger Levrault & Cie ; Paris, texte de référence pour les militaires de l’époque, dont le chapitre sur le maniement de la baïonnette fixée est l’objet de nombreux débats. Gaston reprend ainsi point par point, en se justifiant, les composants de la méthode : il modifie légèrement la Garde, notamment par la position des mains et des pieds, maintient le jeu de jambe, néglige le « lancé » (l’estoc à une main) qu’il estime trop hasardeux et trop simple à parer, et développe les jeux « au fer ». Il ajoute une notion importante, celle de « ligne d’attaque » et des ouvertures correspondante, rejoignant ainsi sur ce point les avis des maîtres du XIXème , Gomard, Pinette et leurs héritiers. De la même façon, il intègre les notions de combat à courte distance, au corps-à-corps, ainsi que de nombreux jeux de crosse.
Finalement, il termine par une série d’exercices d’application et de perfectionnement, assez complet, destinés aux élèves maîtrisant les bases de sa méthode.
Pour conclure, nous pouvons dire que cet ouvrage tout en étant fidèle à l’esprit des manuels d’escrime à la baïonnette présente un intérêt particulier, étant rédigé de façon à aborder TOUT les aspects de l’enseignement, des destinataires de sa méthode aux exercices de perfectionnement, en passant par la fabrication du simulateur adapté !
Malheureusement pour lui, Jean Jules Gaston, fait chevalier de la Légion d’Honneur en 1913 [1], n’aura pas le loisir de mesurer l’efficacité de sa méthode employée par ses chasseurs, formés dès 1912 (ce que nous apprenons dans l’ouvrage Laur [2]), et tombera au combat en septembre 1914.
Son œuvre ne sera pas oubliée à sa mort, citée comme l’une de ses référence par André Gaucher, fondateur du Comité du combat à la baïonnette, mission chargée de l’enseignement de cet art dans les lignes de repos dès 1915. Nul doute que le « regretté capitaine Gaston » (Les nouveaux principes du combat à la baïonnette, A. Gaucher, La science et la Vie n°25 p.361, février 1916) participa à sa façon à la réputation de furieux combattant au corps-à-corps des Chasseurs à pied, les Schwarzen Teufel, ou les diables bleus, si redoutés par leurs ennemis.
Julien GARRY
De Taille & d’Estoc, HEMAC
Nous parlions de faire vivre les bivouacs, notamment par des cours d'escrime- utiles seulement en duel. Voici l'occasion de pratiquer un art indispensable à la survie au combat.
Un premier manuel, reprenant les pratiques de la première moitié du XIXème siècle a été publié en 1847 par A.J.J Posselier, dit "Gomard"" : L'escrime à la baïonnette ou l'école du fantassin.
Voici la présentation de l'ouvrage du capitaine Gaston :
Aperçu du Manuel d’escrime à la baïonnette du capitaine Jean Jules Gaston
Le capitaine Jean Jules Gaston du 10ème régiment de chasseur à pied partage en 1910 par une publication chez Berger Levrault (éditeur de nombreuses publications militaires) ses considérations sur l’escrime à la baïonnette. Cet ouvrage, assez long en comparaison aux manuels de la même époque sur ce sujet, reste le parfait avatar du manuel d’escrime à la baïonnette du début du XXème siècle, il présente néanmoins quelques particularités que nous allons tenter de résumer très brièvement ici.
La longueur du texte est due en grande partie à l’introduction conséquente de la méthode personnelle de cet officier expérimenté, issu du rang, sous les ordres depuis 1887. Surfant sur la vague des « conséquences de la Guerre Russo Japonaise », il explique, tout comme ces camarades les capitaines Laur et Nidvine (Escrime de combat à la baïonnette, Capitaine breveté Laur ; 1912 ; Henry Charles Lavauzelles ; Paris, La Baïonnette , S. Nidvine ; 1907 ; R . Chapelot & Cie ; Paris), la nécessité de ne pas abandonner l’enseignement de l’escrime à la baïonnette, et d’améliorer la méthode en vigueur, jugée insuffisante (tout trois sont d’ailleurs en accord sur ce point).
Tel les maîtres ès baïonnette de la première moitié du XIXème, Gaston ajoute à ses critiques un historique assez conséquent, (par ailleurs tout empli de ces préjugés contemporains sur le moyen-âge, tellement Belle Époque !) et évoque, tel son prédécesseur A.J.J. « Gomard » Posselier, L’escrime à la baïonnette ou l’école du fantassin, A.J.J.Posselier, dit « Gomard » ; 1847 ; chez Dumaine ; Paris, l’état de l’enseignement de cette escrime dans d’autre pays (l’Allemagne et le Japon), il ne parle cependant pas de ces prédécesseurs français et de leurs méthodes, comme le font souvent ses pairs. Le discours de Gaston intègre de plus une chose assez inhabituelle : la nécessité de former la cavalerie au combat à la baïonnette. En effet, à notre connaissance (c’est à dire en excluant les manuels, de plus en plus rare, actuellement indisponible), il n’existe aucune autre méthode dont l’enseignement serait destiné également aux troupes montées, et encore moins décrivant le matériel utilisé par ses cavaliers ! Le capitaine Gaston explique ainsi son choix par l’évolution de l’art de la Guerre, où la cavalerie moderne se doit dorénavant d’être aussi efficace à pied que montée, et par conséquent doit être formée aux arts des fantassins…
Nonobstant tout ses détails théoriques, le capitaine du 10ème chasseur développe avec insistance le matériel à utiliser pour l’instruction. Considérant ce point comme primordial, discours sur les qualités de la baïonnette actuellement utilisée par les armées et décrit le simulateur « idéal », c’est à dire correspondant aux besoins de l’escrime & aux impératifs budgétaires, allant jusqu’à rédiger un « tutoriel » pour réaliser ce simulateur !
Sa méthode en elle même est une reprise du règlement de 1904, le fameux Décret du 3 décembre 1904 portant règlement sur les manœuvres de l’infanterie, Ministère de la Guerre ; 1904 ; Berger Levrault & Cie ; Paris, texte de référence pour les militaires de l’époque, dont le chapitre sur le maniement de la baïonnette fixée est l’objet de nombreux débats. Gaston reprend ainsi point par point, en se justifiant, les composants de la méthode : il modifie légèrement la Garde, notamment par la position des mains et des pieds, maintient le jeu de jambe, néglige le « lancé » (l’estoc à une main) qu’il estime trop hasardeux et trop simple à parer, et développe les jeux « au fer ». Il ajoute une notion importante, celle de « ligne d’attaque » et des ouvertures correspondante, rejoignant ainsi sur ce point les avis des maîtres du XIXème , Gomard, Pinette et leurs héritiers. De la même façon, il intègre les notions de combat à courte distance, au corps-à-corps, ainsi que de nombreux jeux de crosse.
Finalement, il termine par une série d’exercices d’application et de perfectionnement, assez complet, destinés aux élèves maîtrisant les bases de sa méthode.
Pour conclure, nous pouvons dire que cet ouvrage tout en étant fidèle à l’esprit des manuels d’escrime à la baïonnette présente un intérêt particulier, étant rédigé de façon à aborder TOUT les aspects de l’enseignement, des destinataires de sa méthode aux exercices de perfectionnement, en passant par la fabrication du simulateur adapté !
Malheureusement pour lui, Jean Jules Gaston, fait chevalier de la Légion d’Honneur en 1913 [1], n’aura pas le loisir de mesurer l’efficacité de sa méthode employée par ses chasseurs, formés dès 1912 (ce que nous apprenons dans l’ouvrage Laur [2]), et tombera au combat en septembre 1914.
Son œuvre ne sera pas oubliée à sa mort, citée comme l’une de ses référence par André Gaucher, fondateur du Comité du combat à la baïonnette, mission chargée de l’enseignement de cet art dans les lignes de repos dès 1915. Nul doute que le « regretté capitaine Gaston » (Les nouveaux principes du combat à la baïonnette, A. Gaucher, La science et la Vie n°25 p.361, février 1916) participa à sa façon à la réputation de furieux combattant au corps-à-corps des Chasseurs à pied, les Schwarzen Teufel, ou les diables bleus, si redoutés par leurs ennemis.
Julien GARRY
De Taille & d’Estoc, HEMAC
Fricoteur- Fusilier-Grenadier
-
Nombre de messages : 530
Age : 60
Date d'inscription : 29/09/2009
Re: Escrime à la baïonnette
Comme toujours, article extrêmement interessant et dont j'avais abordé le sujet, il y déjà un moment, pour savoir si on ne pouvait pas en apprendre quelques rudiments, pour nos prestations.
Le tout en toute sécurité, bien sûr.
Ca pourrait avoir de la gueule ... ?
Le tout en toute sécurité, bien sûr.
Ca pourrait avoir de la gueule ... ?
_________________
"...Puis, à pas lents, musique en tête, sans fureur, souriant à la mitraille anglaise, la Garde Impériale entra dans la fournaise ..." ( V. HUGO)
"... Un homme n'est jamais aussi grand, que lorsqu'il s'agenouille, pour aider un enfant ..."
"... Il dort, quoique la vie, pour lui, fut bien étrange, il vivait. Il mourut lorsqu'il n'eut plus son ange. La chose se fit doucement, pas à pas, comme vient la nuit lorsque le jour s'en va ..." (V.HUGO. Les Misérables)
La Poudre- Grenadier
-
Nombre de messages : 3534
Age : 68
Date d'inscription : 23/06/2006
Re: Escrime à la baïonnette
C'est une bonne idée je trouve !
L'élégant- Caporal des Grenadiers
-
Nombre de messages : 960
Age : 34
Date d'inscription : 24/10/2010
Re: Escrime à la baïonnette
Au Gros caillou, j'ai vu un retirage de l'Escrime à la baïonnette de Muller, célèbre pour son Manuel d'escrime à cheval. Cet officier a condensé toute son expérience napoléonienne dans des manuels parus sous la Restauration.
Fricoteur- Fusilier-Grenadier
-
Nombre de messages : 530
Age : 60
Date d'inscription : 29/09/2009
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum