Dessins d'époque

Bonjour

Je me propose par ce post de vous faire découvrir une série de dessins réalisés en 1813 par le dessinateur Allemand Leopold Beyer. Le dessinateur s'est attaché à montrer la dure réalité de la vie quotidienne et la triste silhouette des soldats Français qu'il avait sous les yeux lors de la Campagne de Saxe. Croqués sur le vif et d'un réalisme saisissant,ces dessins montrent de nombreux détails et nous livrent de précieuses informations sur la vie du soldat en campagne. On peut pratiquement parler de "photographie". Je vous laisse apprécier ces estampes qui je l'espère ne manqueront pas de vous surprendre. Vous pourrez les télécharger sur ce site :

http://www.napoleon-series.org/military/organization/Beyer/c_beyer.html

On se rend compte qu'entre les tenues, comme elles sont décrites par les règlements, et celles de la triste vérité du terrain, il y a un gouffre !

Surtout pour les malheureux soldats-vagabonds de la Ligne, en 1813 / 14 / 15

Article intéressant, en tout cas !!! et dessins splendides ! Ils rappellent ceux du Major Faber de Faure (du contingent Wurtembourgeois de la grande Armée )

Ce que je retiens surtout de ces dessins :

- Usage quasi-systématique du couvre-shako
- Usage quasi-systématique du couvre-giberne
- Cuisine réalisée dans une marmite à la forme de haricot (qui donnera quelques dizaines d'années plus tard le fameux Bouthéon (ou bouteillon), en usage sous le Second Empire, 14-18, 39-45 et bien après ! La forme n'a pratiquement pas changé.)

Voilà de quoi nous donner de l'inspiration pour améliorer nos tenues et nos habitudes.

Grandeur et misère du soldat en campagne.... Belle recherche pour de beaux croquis  

Oui Adrien, nous manquons de "plats à paëlla", ainsi que des gros bidons réglementaires sur nos havresacs.

En revanche, je ne connais pas une illustration du port des outils réglementaires : pic, hoyau, pelle, scie. 

Détail très intéressant : beaucoup de soldats portent encore en 1813 le "petit bidon" qui était réglementaire sous la Royauté et que je croyais disparu au fur et à mesure des années au profit de la calebasse et de la fameuse boutille clissée. Disponible chez tous les suttlers d'Independance War et de French-Indian War.

On se rend compte qu'entre les tenues, comme elles sont décrites par les règlements, et celles de la triste vérité du terrain, il y a un gouffre !


Tous a fait d'accord avec toi La Poudre et le Napoléon 1er dernier en parle beaucoup.

Je me suis équipé en matériel d'escouade (hachette, pioche, marmite réglementaire en haricot) et j'expérimente leur disposition sur mon havresac. Pour trouver une place à la marmite c'est très simple grâce à cette fameuse troisième sangle que beaucoup ne portent pas sur leur havresac mais qui est diablement utile lorsqu'il s'agit de transporter du matériel en sus sur le sac. La marmite possède des passants dans lesquelles on glisse la sangle pour assujettir la marmite. Impossible qu'elle tombe. Pour la hachette pas de problème non plus car elle s'insère facilement dans le sac sur l'un des côtés, et n'y bouge plus. Par contre pour la pioche, c'est beaucoup plus coton car elle est un peu plus encombrante. A moins de pouvoir la démonter, elle peut trouver une place à plat sur le sac, sous la sangle centrale, sous la marmite mais elle risque de tomber... un poids en moins pour celui qui porte !

Tout ça pour dire qu'il ne devait pas y avoir de façon réglementaire de porter le matériel en campagne. Il devait surtout y avoir beaucoup de bon sens et de débrouillardise. Et puis il ne faut pas oublier qu'à la première halte, le matériel était "égaré". J'ai lu je ne sais plus où que même les marmites étaient abandonnées délibérément,  même si elles étaient indispensables à la cuisson.  Pour en arriver là, les pauvres devaient être sacrément fatigués.

Il y avait des étuis "réglementaires" pour les outils. Mais pas de crobard dans le Pétard sur la Garde. Peut-être dans le volume concernant les équipements de la ligne ?

Pour le piochon de type Armée suisse, les branches de l'outil peuvent être fixées sur le havresac sous le manteau avec les deux petites sangles idoines et en laissant pendouiller le manche. Plus de raison de perdre ce précieux ustensile ; on n'est pas là pour rigoler !

N'oublie pas que ce n'est pas le même baudet qui porte le gros bidon, la marmite, le pic, le hoyau, la pelle et la scie : c'est réparti au sein de l'escouade. Il n'y a que le caporal qui se balade les mains dans les poches.

Tiens, en repassant les illustrations, sur la deuxième, posé contre le havresac à droite, je découvre le couvercle du "gros bidon", avec son manche permettant de s'en servir comme poële à frire. Ce "gros bidon" est véritablement le Bouthéon réglementaire connu ultérieurement. Malheureusement, les bouthéons que l'on trouve sur ebay sont en alu, donc ça ne le fait pas, et en plus sont proposés à des tarifs délirants.

Tu peux en trouver datant de 39-45 en fer blanc étamé, qui se trouve être la matière parfaite pour notre époque. De plus ces marmite là sont plus grandes que le modèle "d'aujourd'hui" en aluminium et s'apparente mieux avec le modèle du Premier Empire qui se veut collectif.

Sur le 2ème dessin, tu peux voir le système d'accroche...

Et voici une marmite reconstruite, la soupe prête:

Citation :Marmite [Marmitta]. Pour tous les armes, corps, et grades.
La marmite avec des charnières de tôle [latta], avec 8 pollici 3 linee [22,341 cm] de profondeur. En arrière 7 pollici [18,956 cm] en ligne droite, à l'avant elle est semi-ovale. D'une côté à l'autre 11 pollici 6 linee [31,142 cm]. De l'arrière an avant 8 pollici 3 linee [22,341 cm]. A une distance de 6 linee [1,354 cm] du bord supérieur, où le couvercle se place, il y a un cordon [cordoncino] formé à l'entour par un fil de fer [filo di ferro] de 1 linea [0,226 cm] d'épaisseur, qui est couvert par de la tôle soudée.

Le couvercle [coperchio] de tôle, de 2 pollici 3 linee [6,093 cm] de hauteur.

Les boucles [occhi], avec lesquelles les deux bouts de l'anse s'unissent, sont fixées chacune avec trois clous [chiodi], qui sont martelées [ribattuti] par dehors et par dedans: cette plaque rivetée [piastra inchiodata] de tôle, de 2 pollici [5,416 cm] de longueur et de 2/3 linee [0,15 cm] d'épaisseur. Sur le bord supérieur large de 2 pollici [5,416 cm], au fond elle se termine en pointe. Le petit bourrelet [tondino] qui forme la boucle de tôle, de 7 linee [1,579 cm] de largeur et de 2 linee [0,451 cm] d'épaisseur.

L'anse [manico] de la marmite ronde, de fer, de 26 pollici [70,408 cm] de longueur, et de 2 linee [0,451 cm] d'épaisseur. La longueur doit être celle du cordon, mésurée à l'entour, y compris les manches [prese] (dans les boucles) aux deux bouts.

L'anse du couvercle de fer, 6 pollici [16,248 cm] de longueur, 1 pollice [2,708 cm] de largeur, 1 linea [0,226 cm] d'épaisseur.
Marmites de section en forme de haricot en 1813.
Probablement en 1815, ou peu après, une petite collection de dessins fut publié à Dresde et Pirna, sous le titre "Kriegsscenen aus den Jahren 1813 bis 1815, zur Erinnerung für ehemalige Krieger und zum Nachzeichnen und Illuminiren für kleine Leute, in 12 herrlichen Skizzen von Leopold Beyer." (Scènes de guerre des années 1813 à 1815, pour servirà la memoire des anciens guerriers et pour copier et enluminer par des petits gens, en 12 dessins magnifiques par Leopold Beyer.) La serie complète se trouve sur le site de Napoleon-Online.

Sur deux de ces dessins, nous trouvons des marmites de section en forme de haricot. Elles sont plus hautes, mais plus étroites que celles du modèle italien de 1807. Il paraît qu'elles n'ont pas d'anse, mais cela ne pourrait être qu'une négligence de la part de l'auteur. Au lieu d'une anse, le couvercle de cette marmite a un manche à détacher.

L'avantage de cette section en forme de haricot est que la marmite ne touche pas la tête ou le shako du soldat lors'qu'elle est portée au dessus de l'havresac.

Merci Framboise d'apporter ces images intéressantes. Aurais-tu la source de la planche présentant les outils, avec si possible la correspondance des lettres qui les décrivent ?

Fricoteur a écrit:
N'oublie pas que ce n'est pas le même baudet qui porte le gros bidon, la marmite, le pic, le hoyau, la pelle et la scie : c'est réparti au sein de l'escouade. Il n'y a que le caporal qui se balade les mains dans les poches.

Mais en fait, ça sert à rien un caporaux !         

ils sont la pour donner les corvées a la troupe qui manque de respect Adrien....  comme porté le matérielle :)

Vous êtes tous for-mi-dables !

Je pense, au vu de la représentation des havresacs, que la planche d'outils de Framboise date de l'ancien régime (Louis XV), mais elle illustre parfaitement la théorie en la matière.

As-tu une représentation de ces fameux manteaux de faisceaux qui nous manquent cruellement au bivouac lorsque nous laissons nos fusils exposés à la rosée nocturne ?

Adrien, un caporal c'est tellement malin que même le flacon de vinaigre il le refile au sergent.